Pascal Arroyo
Pascal Arroyo est un musicien multi-instrumentiste qui a fait mûrir son art dans un laboratoire musical mixant soul, funk, rock progressif, jazz traditionnel et free à l’aube des seventies. Il a fait ses classes outre atlantique après une expérience dans l’ouest de la France. Là-bas il a croisé Blood Sweat and Tears, un des groupes majeurs de la scène rock U.S. Sa riche palette chromatique en a fait un accompagnateur prisé de nombreux artistes français comme Catherine Lara, Mort Schuman, Jean-Michel Caradec, France Gall, Pierre Vasiliu ou Albert Marcoeur. Il a aussi et surtout partagé les chemins de la gloire avec Bernard Lavilliers pendant quasiment trente ans. Chef d’orchestre et bassiste du chanteur de « Pigalle la blanche », « Traffic », « Stand the Ghetto » ou « On the Road Again », il est depuis plus de deux ans installé à Bastia. Selon lui, l’histoire de sa venue en Corse prend sa source en 1993.
« Nous avons rencontré Albert Hammond, celui qui a découvert Dylan»
Pascal Arroyo monte son premier groupe avec François Bréant, son ami d’enfance, Patrice Tison, comme lui de Rouen et Albert Marcoeur. Très vite, ils ont la chance de devenir l’équipe résidente d’un studio d’enregistrement à la campagne près d’Evreux, que tenait Jacques Denjean un arrangeur à la mode (Hervé Villard, Christophe). « Il avait monté un studio dans la campagne et il cherchait une équipe résidente pour ne pas avoir à payer des Parisiens et il nous a trouvé. On a fait les enregistrements pour ses clients. Nicole Croisille, Gilles Dreux. Je me souviens aussi que Johnny Halliday est venu faire des maquettes, et quand notre boss n’était pas là, il nous laissait le studio à disposition. On avait de quoi faire un album de 8 ou 10 chansons et avec Bréant on a décidé de tenter notre chance. Partir aux USA pour conquérir le nouveau monde. On n’a pas conquis grand-chose, mais on a rencontré des gens haut placés comme Albert Hammond, qui avait découvert Bob Dylan. Il nous a reçu, a écouté notre « truc » bizarre et a dit : « C’est très bien, mais est-ce qu’il y a un single ? », On n’en avait pas ! Ensuite, on est devenus copains avec les mecs de Blood Sweat and Tears, on a habité chez Jim Fielder, le bassiste pendant 6 mois à San Francisco et à la fin il nous a proposé de faire partie du groupe en tant que chanteurs, mais on a refusé », raconte tout sourire Pascal Arroyo.
De ce séjour aux States, il retient aussi ses soirées au Beacon Theatre où pour 10 $ seulement il passait la nuit à s’enivrer de musique (Weather Report, Tower of Power), puis c’est le retour en France, en 73. Avec son ami de toujours ils créent le groupe Nemo, et sortent deux albums. Ils jouent pour Catherine Lara, Mort Schuman, Pierre Vassiliu et à partir de 77… Lavilliers. Ce dernier était venu les voir jouer à Montigny-Lès-Metz, sur les conseils de Michel Martig, (producteur de Bernard Lavilliers). Autour d’un repas au buffet de la gare le chanteur leur fait part de son enthousiasme et leur glisse : « Ce que vous faites me plaît bien, mais je n’ai pas le budget pour vous payer. Dès que ça ira mieux, je commencerai par embaucher le percussionniste, puis petit à petit les autres membres de Nemo ». Et Lavilliers de tenir parole puisqu’un an après cette rencontre il engageait Manu Lacordaire (percussionniste), pour faire de son groupe un trio (avec Jean-Marie Ingrand à la basse). In fine, il a rapidement reconstitué la cellule de Nemo avec François Bréant et Pascal Arroyo.
«L’interprétation était d’aller ailleurs »
Aujourd’hui, après trente ans aux cotés du « Stéphanois », Pascal Arroyo travaille à la création du nouvel album de Patrizia Poli. « Je n’allais pas arranger des chants corses, je ne suis pas équipé pour. Je comprends comment marchent ces mélodies, mais l’interprétation était d’aller ailleurs », explique le bassiste. Ainsi pendant de longs mois Pascal et Patrizia ont fait tourner une centaine de mélodies du bassiste. « Chaque fois que j’écoutais une de ses musiques ça évoquait immédiatement quelque chose et l’idée du texte arrivait immédiatement », glisse la chanteuse. Cette sélection de titres réalisée, l’ancien chef d’orchestre de Lavilliers s’attèle ensuite à monter un groupe, parmi le « best of de ses copains ». Des musiciens capables de dériver, d’apporter leur sensibilité sur un style qu’ils ne connaissent pas, comme les harmonies corses. C’est ainsi que Dominique Fillon, Bruno Bongarçon et Franck Bessard rejoignent le duo à Bastia pour poursuivre la tâche entamée. Maintenant qu’il a été piégé par les délices de Bastia, Pascal Arroyo aimerait préparer une tournée pour le bel ensemble qu’il vient de constituer historie de continuer de flâner dans les lieux de musique bastiais, dispenser ses conseils aux tangueros d’Anima tango, écouter entre autres Protocole Inconnu et devenir, qui sait, leur Bernard Lavilliers ?